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Laclassede4C
27 avril 2020

Ecriture d'invention: Le son maudit

Le son maudit

 

horloge

Samedi 4 Décembre

Je regarde ma montre, 12h , c’est l’heure de manger. Je me lève alors de mon lit et sors de ma chambre, je claque derrière moi la porte , elle se referme sans aucun bruit, je l’avais pourtant poussée assez fort. Mais alors je me rappelle que rien n’a jamais eu de bruit, du moins pour moi. Je n’ai toujours qu’entendu ce lourd silence , pénible et ennuyeux. Je vis ici dans ce grand manoir avec mes deux parents, nous habitons ici depuis toujours, des générations et des générations de Ward se sont succédées et ont vécu dans le manoir. En passant dans le couloir je les regarde, ils sont tous là accrochés aux murs. Un jour maman m’a raconté que c’était une tradition familiale de se faire peindre sur un tableau, moi j’ai toujours trouvé ça ringard. Le nôtre est tout au bout du couloir, le plus récent , sur la peinture nous sommes tous les trois dans le jardin , maman est radieuse dans sa robe bleue marine , papa à côté d'elle porte un des ses vieux chapeaux comme toujours , mais je les aime bien moi ses chapeaux car ça lui donne un air drôle. Et moi , Faustine , je suis au milieu, mes cheveux dorés me tombant sur les yeux, mon petit chat noir “Pomme” sur mes genoux. Nous avons l’air d’une famille heureuse comme ça, enfin ce n’est qu’une image.

Après manger, je monte à la bibliothèque , ça a toujours été ma pièce préférée dans ce manoir , Pomme m’attend comme d’habitude, je m’installe dans le grand fauteuil rouge, m’y enfonçant comme dans un nuage,Pomme vient me rejoindre et se pose sur mes genoux, je commence alors à lire, pour moi la seule façon de m’éloigner de la réalité. En face de moi un feu flambe dans la cheminée, teintant les mur de nuances orangées et réchauffant la bibliothèque . Cette pièce est si magnifique, les grandes étagères qui font le tour de la pièce sont remplies de livres tous plus différents les uns que les autres, certains datant de plus de 2 siècles, ces ouvrages ont parcouru de nombreuses générations de Ward et sont conservés avec grand soin. A côté de mon fauteuil, il y a une petite table basse où je mange parfois mon goûter. Au fond de la pièce trône une grande et sinistre horloge de bois noir se confondant parfois avec l’obscurité, dans le cadran de l’horloge sont inscrites des lettres étranges, je n’en avais jamais vu de telles avant, j’ignore encore ce qu’elles signifient .Le grand pendule se balance de gauche à droite et de droite à gauche d’une allure monotone, presque hypnotisante, ralentissant au milieu de sa trajectoire puis repartant de bon entrain en ne faisant aucun bruit. Je n’aime pas trop cette horloge, elle me fait même un petit peu peur à vrai dire, seule intrus dans la pièce. J ’ai déjà demandé à maman de l’enlever mais elle n’a pas voulu sous prétexte que: «elle ne passerait pas dans la cage d’escalier» moi je ne pense pas que c’est pour cela car le cage d’escalier fait bien sept mètres de large et au moins dix de hauteur ,mais maman n’a plus voulu en parler.

 

Dimanche 5 Décembre ( nuit)

Cette nuit, une chose étrange se produisit :

Alors que je dormais tranquillement, je fus soudainement réveillée par une odeur nauséabonde, je n’arrivais néanmoins pas à identifier ce que cela pouvait être, une fumée blanche s’échappait du couloir, déclenchant sûrement l’alarme incendie, ça je ne pouvais pas en être certaine. Je me précipite alors dans le couloir et je vois l’horreur, tous les tableaux de famille sont en train de brûler, tombant un par un en cendre sur le tapis rouge. Je ressens alors une impression horrible de peur sans trop savoir pourquoi, après tout je ne risque rien contrairement au tableaux , mais quelque chose ne tourne pas rond, aucune chaleur n’irradie du feu , je dirais même plutôt que je ressens un courant d’air glacial parcourir le couloir. Alors que les tableaux sont en feu , moi je suis incapable de bouger, le feu va bientôt se propager sur le mur, si je ne fais rien c’est toute la maison qui va partir en fumée ! Il faut que j’aille chercher mes parents.Mais alors que je me précipitais déjà vers leur chambre, tout s’arrête, il ne reste des tableaux qu’un vieux tas de cendre, plus aucune trace des flammes , encore apparentes il ya quelques secondes , et l’air glacial a disparu comme s’il n’était jamais apparu. Tout semblait inchangé hormis les tableaux .Je fus tout de même assez intriguée. Pourquoi seule les tableaux de famille avait brûlés et comment auraient ils pu prendre feu ? Bouleversée, je retourne me coucher comme si rien de tout cela n’était arrivé.

 

Lundi 6 Décembre

Je me réveille avec un mal de tête horrible, un regard vers mon poignet, ma montre indique qu’il est 8h du matin je m'étais couchée relativement tôt et j’ai pourtant l’impression de n’avoir presque pas dormi. Je sors de ma chambre pour prendre mon petit déjeuner, traverse le couloir, et c’est alors que ma tête me relance ,je regarde les tableaux,tous intacts, bizarre ! Ce n’était donc qu’un cauchemar ! Mais alors que je m’approche pour mieux les observer, je vois sur les bords des taches jaunes et marron , comme si le papier avait légèrement brûlé , et par terre, une fine couche de cendre recouvre le tapis rouge. Je me demande alors : “comment tout cela aurait- il pu arriver ?” Mon cauchemar n’était finalement pas si imaginaire !

 

Jeudi 9 Décembre

Cet après-midi , alors que je lisais à la bibliothèque,un autre malheur se produisit :

Installée sur mon fauteuil rouge, je relisais pour la énième fois “Dracula” , un de mes livres préférés, Pomme quant à lui somnolait tranquillement sur mes genoux, en face de moi les flammes dansaient dans l’âtre . Quand tout à coup Pomme se précipita au fond de la pièce, ce qui ne m’inquiéta tout d’abord peu et un coup d’œil vers l’horloge confirma ce que je pensais. Il était 15h pile et l’horloge venait de retentir, Pomme à toujours eu peur du son qu’elle faisait. N’ayant jamais entendue le son que produisait l’horloge je ne puis comprendre ses craintes , mais vu sa tête j’imaginais qu’il devait casser les oreilles.Pomme tournait lentement autour de l’horloge , ce qui commença à m'inquiéter , d’habitude il ne prêtait attention à l’horloge que lorsque elle retentissait à chaque heure, et s’y désintéressait assez vite. J’allai alors le chercher pour le rassurer quand je m’arrêtai net, mes jambes ne voulaient plus avancer,comme figées. C’est alors que je ressentis le même courant d’air froid que dans le couloir, l’autre jour. Une peur immense s’empara alors de moi,incapable de bouger , je restais là figée comme une statue, tremblant de tous mes membres. Une sueur froide me parcourue l’échine, redressant tous mes cheveux un par un sur ma nuque. Transie de froid ou de peur je n’osais plus regarder ce qui se passait devant mes yeux. Je ne savais même pas pourquoi j’avais aussi peur, peut être était-ce juste un pressentiment sur ce qui allait arriver. Décidée à découvrir ce qui me causait cette frayeur, avec un effort immense j’ouvris lentement, très lentement mes paupières. Je fus alors choquée par ce que je vis , l’horloge indiquait 15h01 ce qui voulait dire que le deuxième coup venait de sonner. Devant moi une masse noire était avachie sur le sol.

 - “Nonnn, Pomme !!!!!!”, criai-je.

Je me précipitai alors vers lui, mes jambes comme délivrées de toute forces m'empêchant d’avancer. Pomme avait l’air très mal en point sans que rien ne puisse l’expliquer. Je pris alors son poul, je dus m’y reprendre à deux fois car je tremblais trop , mes larmes commençaient déjà à couler , je n’avais en fait même pas besoin de prendre son poul pour savoir. Il ne respirait plus, il était à ce moment là parti rejoindre les étoiles à tout jamais. Mes larmes coulaient de plus belles sur Pomme, humidifiant son doux pelage. Je regardai alors derrière moi, mon livre tombé par terre ,le fauteuil renversé. Le feu s’était éteint comme par magie. Je me dis alors que ça devait être ce courant d’air ressentis plus tôt qui l'avait éteint. Enfin, à ce moment là ce n’était vraiment pas mon plus gros problème.

 

Samedi 11 Décembre

Deux jours après le décès de Pomme, je n’arrivais toujours pas à consoler ma tristesse. Je restais enfermée toute la journée dans ma chambre, ne sortant que pour aller aux toilettes. Maman venait souvent pour me consoler et m’apporter à manger. Elle avait abandonné l’idée de me demander ce qu’il s’était passer, incapable de parler j’étais traumatisée. Je ne le savais pas moi même , la seule explication que je puisse donner à cet événement serait que Pomme aurait eu une crise cardiaque. Mais je savais très bien que me mentir ne servirais à rien, il y avait quelque chose d’anormal qui s’était passé ! C’est ce que j’essayais de découvrir depuis 2 jours sans jamais rien trouver de concluant.J’étais peut être tout simplement devenue folle, le rêve étrange que j’avais fait l’autre jour en témoignait. Il fallait que j’arrête de me torturer l’esprit, Pomme était simplement mort d’une crise cardiaque. Maman arriva dans la chambre, je lis sur ses lèvres :

  -“ Tiens ma chérie je t’ai apporté à manger, il faut que tu reprennes des forces” , dit-elle.

 - “Merci c’est gentil Maman” , je répondis

  - “Avec Papa on a enterré Pomme dans le jardin, tu pourras aller le voir quand tu sera prête” , déclara t-elle.

Sur ce elle quitta la pièce me laissant toute seule sur mon lit.

 

Dimanche 12 Décembre

Cet après midi je suis retournée à la bibliothèque, lasse de rester enfermée dans ma chambre et j’avais trop besoin de lire. Cela m’a fait bizarre de retourner dans cette pièce, c’est comme un poids lourd pesant sur mes épaules, mais il faut bien continuer à vivre.J’étais comme d’habitude installée dans mon fauteuil rouge, le feu flambait en face de moi, mais pas de Pomme qui somnolent sur mes genoux, parfois je crois encore qu’il est là , alors je caresse mes genoux jusqu'à ce que je me rende compte qu’il n’est plus de ce monde. Maman et Papa sont encore aux petits soins avec moi,je les vois d’ailleurs rentrer dans la pièce , je lis sur leurs lèvres :

  -“On vient t’apporter le goûter Faustine” , dit Papa , il a l’air plutôt joyeux.

- “Je t’ai fais un bon chocolat chaud comme tu les aimes” , déclara Maman.

 - “Ça tombe bien j’avais super faim, il est presque 16h” , répondis-je.

On s’installe alors autour de la table et on commence à siroter tranquillement notre chocolat chaud. Quand tout d’un coup, mes membres se pétrifient, je lâche ma tasse qui se casse en tombant au sol, je ressens alors de nouveau cet horrible courant d’air glacial, je regarde l’horloge, elle indique 16h.Le premier coup de l’horloge vient de retentir, mes parents ne savent pas ce qu’il va arriver. J’ai le temps de lire sur les lèvres de ma mère :

 - “Ça va ma chérie, tout va bien ? dit- elle , elle à l’air plutôt stupéfaite.

 - “Non pas ça , pas encore !!!! je réponds pétrifiée de peur.

 Je n’ai pas le temps de voir ce qu’elle me répond. Je sens alors une peur immense m’envahir , je n’ai jamais eu aussi peur de ma vie , c’est horrible, j’ai l’impression que tout s'effondre. Je sais à présent ce qu’il va arriver . Je refuse de fermer les yeux comme la dernière fois, je veux voir ce qu’il se passe.Une bourrasque de vent explose les vitres, des bouts de verres sont éparpillés sur le tapis. Mes jambes refusent d’avancer, paralysée de peur je commence à pleurer. Le feu s’éteint d’un coup, plongeant la pièce dans la pénombre . Avec difficulté , je tourne la tête vers l’horloge, on ne peut à présent presque plus la distinguer dans l'obscurité . Je lis difficilement, ma vue brouillée par mes larmes . Il est 16h01 , le deuxième coup vient de retentir ! Mes jambes sont alors libérées , tout s’enchaîne comme la dernière fois. Je cours vers mes parents, ne prend même pas leurs pouls , je sais qu’ils sont morts. Je pleure toutes les larmes de mon corps. Je comprend enfin, cette maudite horloge a fait mourir mes parents comme tous mes ancêtres avant eux. Je n’ai été épargnée seulement car je ne peux entendre son son.

 

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